Bon ou mauvais exemple ? – Sans permis, l’élu roule toujours

Jean Savoie, vice-président du Conseil général de l’Indre-et-Loire s’obstine à conduire alors que son permis lui a été retiré • Il veut en faire un exemple pour protester contre la loi sur le permis à points

Tours (Indre-et-Loire), envoyé spécial. Dans l’Indre-et-Loire, on peut être premier vice-président du Conseil général en charge des grands investissements, notamment autoroutiers, et se moquer du droit. Jean Savoie en est la preuve vivante. Privé de son permis de conduire pour excès de vitesse répétés, cet élu de 83 ans continue d’utiliser son véhicule personnel. Il estime le vote de la loi sur le permis à points totalement illégal. Au point de faire appel à Yannick Rio, le médiatique avocat parisien qui a fait de cette bataille juridique, son fonds de commerce. «Pourquoi un homme politique serait privé de conduire son véhicule alors que l’état ne se prive pas de violer la loi?», interroge-t-il. Car, selon cet avocat qui garantit contractuellement l’issue positive de ses procédures, «la loi sur le permis à points a été votée à la sauvette en pleine nuit par cinq parlementaires». Elle serait donc «percluse d’imperfections».

En Touraine, loin de ces arguties juridiques, l’attitude de Jean Savoie surprend. D’autant que ce dernier ne fait pas secret d’avoir perdu un fils dans un accident de la route. Cette mort violente ne l’empêche pas de minimiser ses propres écarts. Il évoque ses «millions de kilomètres parcourus dans le monde entier» sans jamais avoir été «un fou du volant». Et au lieu de profiter de sa voiture de fonction avec chauffeur, comme son mandat l’y autorise, Jean Savoie enfile le costume d’ambassadeurs des petites gens. Ceux qui «subissent en silence» les conséquences du retrait de permis. «Les accidentés de la route ne sont pas les seules victimes», renchérit maître Rio. «Le retrait du permis peut avoir des conséquences économiques graves pour une personne qui utilise sa voiture pour aller travailler. Conscient de ces drames, Jean Savoie a souhaité attirer l’attention des pouvoirs publics». Une décision qui met la préfecture d’Indre-et-Loire franchement mal à l’aise. «Monsieur Savoie a bien restitué son permis de conduire (…) S’il conduit dorénavant dans ces conditions, il serait passible de sanctions pénales prévues par la loi. Toutefois, Monsieur Savoie est libre de contester la décision dont il fait l’objet», indique Benoît Jacq, porte-parole du Préfet. Une déclaration précautionneuse, utilisant le conditionnel alors même que le principal intéressé avoue publiquement passer outre cette sanction. D’où cette prise de distance: «Les propos tenus par Monsieur Savoie l’ont été sous sa seule responsabilité. À cet égard, la préfecture souhaite rappeler que la politique de fermeté en matière de sécurité routière a produit des résultats. En Indre-et-Loire, en cinq ans, le nombre de blessés a été divisé par deux».

Au Conseil général, l’affaire Savoie embarrasse. Au cabinet de la présidence, on rappelle qu’un véhicule est à sa disposition, «mais qu’il ne pourra l’utiliser qu’avec un chauffeur». Hors de question de le voir conduire une voiture de fonction au nez et à la barbe de la maréchaussée.

Jean Savoie et son conseil attendent toujours la décision du tribunal administratif d’Orléans et, de manière plus improbable, la réponse du ministre des transports, saisi une nouvelle fois sur cette question du permis à points.

Source: Liberation.fr

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